
Le brigadier Richard Garcia essaie de se rappeler en vain la procédure à suivre. Entre ses déboires conjugaux, les deux douilles éjectées de son fusil à pompe Taurus tactique ST12 qui témoignent qu’il a bien tiré mais a loupé sa cible une première fois et le cadavre du bougnoule qui n’a plus de visage vers lequel s’avance prudemment Cindy Lefèvre, un PA Unique 7,65 à la main, le brigadier Richard Garcia est un peu perdu : à l’armée, il était dans le Train, pas dans les forces spéciales comme il aime à le laisser accroire à « ses copains de la BAC », contre toute vraisemblance.
Le brigadier Richard Garcia, qui se vit ces temps-ci comme un défenseur de l’Occident contre le Grand Remplacement car il lit Renaud Camus sur des sites spécialisés, devrait être content d’avoir tué un Arabe armé, probablement un terroriste islamogauchiste.
En fait, le brigadier Richard Garcia se sent surtout un peu emmerdé, vaguement écœuré même, par ce qu’il voit du visage déchiqueté du cadavre éclairé par les phares du Duster. Le brigadier Richard Garcia essaie d’oraliser ses angoisses comme le lui a recommandé la psychologue qu’il consulte hebdomadairement à la demande de sa femme.
o o o
Le romancier place sa Petite Gauloise sous la menace du terrorisme et de la déliquescence sociale. Anxiogène, féroce et brillant. Stéphanie Dupays
0