
Plus de 30 ans après la disparition du cinéaste, l’avant-gardisme, l’humour et les idées visuelles de Jacques Tati continuent de fasciner le public et les historiens du cinéma. Dans leur documentaire Tati express, Simon Wallon et Emmanuel Leconte retracent film par film cette carrière passionnante. En alternant interviews, images d’archives et scènes marquantes, ils montrent la manière dont Tati a su être l’observateur privilégié de la France d’après-guerre. Ses six longs métrages abordent avec humour tous les enjeux de la période : la montée d’un capitalisme agressif, la déshumanisation du travail et les débordements de la société de consommation. Tati express n’oublie pas d’expliquer comment le film Playtime (1967), qui a ruiné son auteur, a aussi su anticiper la construction de quartiers comme celui de la Défense. Dommage cependant que les réalisateurs aient fait le choix esthétique d’accélérer certaines séquences des films de Tati en leur superposant une musique anachronique. Probablement imaginé pour témoigner de la modernité du cinéaste, cet effet gâche parfois l’appréciation des scènes. Tati express reste tout de même une solide introduction à la courte filmographie de l’un des plus grands réalisateurs français.
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