
Une base historique, une ambiance comme si on y était, des péripéties en rafales, l’humour habituel de Westlake, une solide traduction française : ceci se relit avec délectation. On ne peut plus compter sur Tonton Donald pour en écrire de nouveaux, mais il a laissé un paquet de pépites — et notamment celle-ci, sans doute la plus brillante de toutes.
Et parmi ces péripépites, il en est qui souffrent encore de n’être pas traduites en français, comme par exemple Help, I’m Being Held Prisoner</ (1974), dans lequel Westlake développe sur la longueur d'un roman entier une idée magnifique esquissée dans le dernier Grofield, Les citrons ne mentent jamais (1971, Série Noire n°1457, trad. D. May) pp. 56-57 : l’histoire d’une bande de braqueurs qui disposent du meilleur alibi du monde puisqu’ils sont en taule ! Comme ils sont plus ou moins en fin de peine, ils utilisent le tunnel secret non pour s’évader mais pour mettre à sac la ville, nuit après nuit, où même pour simplement passer une soirée tranquille en famille, avant de réintégrer tranquillou leur cellule !
C’est dans ce même roman complètement déjanté que Westlake développe une autre idée présentée auparavant dans un Stark (mais lequel, nondidjou !??) : le braquage d’une base militaire pour récupérer des armes (très) lourdes.
Mais peut-être ai-je déjà causé de tout ça, M’sieur Pop : si c’est le cas, veuillez excuser les radotages d’un vieillard quasi décérébré…
Allez, pour ragaillardir l’ambiance, un bref extrait de cet excellent SN 1457 dont je n’ai presque aucun souvenir alors que je l’ai lu voici moins d’un an (p. 197) :
« Grofield songea à une vieille histoire qu’on lui avait jadis racontée. C’était dans une grande usine qui fabriquait des tas de produits divers ; tous les jours, il y avait un ouvrier qui sortait par la porte principale en poussant une brouette pleine de détritus. Le gardien de service à la porte avait la certitude que l’ouvrier volait quelque chose et il s’entêtait à fouiller les ordures mais il ne trouva jamais rien. Au bout de vingt ans, le gardien arrêta un beau jour l’ouvrier et lui dit : “Je prends ma retraite demain, c’est mon dernier jour aujourd’hui. Je ne peux pas quitter ce boulot sans savoir ce que vous fabriquez. Je ne vais pas vous moucharder, mais il faut que vous me disiez. Qu’est-ce que vous volez ?” “Des brouettes”, lui répondit l’ouvrier. »
Fabuleux, cet esprit westlakien, et le coup de brouettes que vous me faites découvrir est emblématique de ce que le pépère aimait raconter, comme le casse consistant à embarquer toute la banque pour choper son contenu.
Quand à vos radotages, cher vieillard (de mon âge), ils sont les bienvenus, ne vous privez surtout pas de les poser ici.