047829
Philip Seymour Hoffman, décédé d’une overdose le 2 février 2014, aurait sans doute été heureux qu’on se souvienne de lui à travers ce personnage d’espion humaniste et désenchanté, son dernier grand rôle, qui s’ajoute à la liste de ses performances. L’acteur américain est en effet impressionnant dans cette adaptation du roman de John le Carré édité en 2008, qu’il porte véritablement sur les épaules. Günther Bachmann boit trop, fume trop, ne dort pas assez. Cet espion usé par le métier, hanté par des échecs, refuse cependant de sombrer dans des dérives sécuritaires, où la morale, la déontologie, la compassion n’ont plus cours. C’est cet humanisme, palpable dans le roman de l’écrivain anglais, ex-espion lui-même, qui a séduit Anton Corbijn (…) Ce film d’espionnage international joue la carte du réalisme, de l’anti-spectaculaire. Ici, les espions sont planqués, observent constamment des écrans de surveillance, échafaudent en secret des plans tandis qu’ils jouent au chat et à la souris avec leurs homologues étrangers et leur propre gouvernement. Ce n’est pas moins palpitant. Chaque parole, chaque regard, chaque détail est porteur de sens (…) Il émane de ce film d’espionnage crépusculaire une mélancolie aussi romanesque que ses personnages. — Sophie Soligny*

Leave a comment