Je m’appelle Pierre, j’ai cinquante ans. J’avais choisi ma vie. Et puis qu’importe… j’ai lâché prise. J’ai peur de moi. Je rentre dans le rang. Vingt-quatre janvier. Dix-sept heures cinq. Le Jauréguiberry met le cap au 270. Cap sur les bancs de Terre-Neuve.

[A dix-neuf ans,] j’ai embarqué à Boulogne sur un cargo suédois, avec lequel j’ai sillonné la Mer du Nord. Une nuit, le capitaine m’a mis la barre entre les mains, m’a donné un cap, et est parti se saouler avec le reste de l’équipage. Ils étaient tous ivres morts, et j’étais seul aux commandes face à l’immensité de la mer ; et là, il s’est passé quelque chose d’irrémédiable au fond de moi, qui a provoqué un changement de cap dans ma vie.Pierre Schoendorffer

Génial film de guerre sans action, film de remémorations feutrées au carré des officiers ou sur la passerelle de contrôle, film explosé en ses multiples flash-backs comme autant de fragments orphelins, Le Crabe-Tambour raconte la fabrication d’une légende. Comment les souvenirs d’hommes marqués par d’autres se solidifient : récit, mythologie. Le Crabe-Tambour est également un film sur un état d’âme térébrant, un mal de l’ailleurs comme on dit mal du pays, et qui pareillement ne laisse certains jamais en paix. — Isabelle Potel

— La mort n’est pas si terrible. Je le sais, parce que je suis déjà mort une fois… Enfin, presque.

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