
Le charme de cet habile documentaire consacré à Douglas Fairbanks ? Il s’appuie sur des images d’archives qui, au-delà de la carrière de l’acteur, ressuscitent Hollywood à l’ère du cinéma muet. Les femmes y sont préposées au montage des films ; le département colorisation ripoline de couleur bleue les scènes nocturnes ; les chefs décorateurs imaginent des trucages démentiels pour faire voler des tapis au-dessus d’une ville ; quant aux studios, ils mettent en place des cantines sur les tournages afin d’éviter aux équipes de rentrer pompette de leur déjeuner (…). Narré par Laurent Lafitte, le documentaire [montre Douglas] se frisant la moustache, portant Chaplin, son meilleur ami, du bout du bras, dansant au plafond (un trucage que Fred Astaire reprendra dans Mariage royal). Evidemment, Fairbanks se plia au parlant, échec cuisant. Evidemment, il ne décrocha jamais d’oscar. Les pionniers paient toujours leur audace au prix fort. A la naissance de United Artists, son bébé, Variety avait titré : « Les fous s’emparent de l’asile ». — Sophie Grassin