Lorsque HBO mit inopinément en 2006 fin à la superbe série Deadwood qui atteignait son apogée stylistiquement et thématiquement, la frustration fut intense : comment pouvions-nous être ainsi laissés en plan (…) en plein milieu d’une intrigue de plus en plus riche et tendue (…) ? Ce Deadwood – The Movie [est] littéralement incompréhensible pour qui n’aurait pas vu les trois saisons de la série (…). Il s’agit ici, en moins de deux heures, de solder la plupart des comptes qui étaient restés ouverts, sans trop se préoccuper si une telle accélération des événements fait vraiment sens par rapport à la lenteur splendide de la série (…). Malheureusement, et au delà du fait que, si notre mémoire est bonne, tous les fils narratifs ne sont pas bouclés, il est difficile de vraiment se laisser embarquer par cette histoire forcée, qui veille à attribuer à chacun la récompense ou la punition qu’il mérite… soit exactement le contraire du nihilisme crasseux, désespéré même, qui caractérisait la série. A la fin, tout est finalement bien dans le meilleur des mondes (…). Se dégage de ses retrouvailles inattendues une terrible nostalgie, qui aurait pu faire écho à la peinture d’un monde, celui du Wild West en train de changer avec l’arrivée de la civilisation : le téléphone arrive, et le bordel sera transformé en salle de spectacle, tout un symbole. Eric Debarnot

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