Ce mélange hormones et jus de crâne est irrésistible. Vicky Cristina Barcelona offre tous les attraits d’un délicieux marivaudage sur fond de carte postale. Mais c’est, profondément, un traité des passions humaines à l’acuité implacable. Tous les personnages semblent appelés à devenir tôt ou tard le contraire de ce qu’ils disaient ou croyaient être. Tous se révèlent incapables de stabiliser leurs sentiments et leurs aspirations. Tous sont condamnés à éprouver de l’insatisfaction, dans un désir réalisé comme dans un désir frustré. Woody Allen est diabolique, jouissant manifestement de ces impasses tragiques qu’il répertorie et caractérise avec un rien. Il est aussi indispensable comme jamais, peut-être le seul à savoir faire une fête de tant de désabusement et à nous laisser, malgré les illusions perdues, sur l’ivresse
d’un été merveilleux. — Louis Guichard

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