
Il y aurait à écrire sur le thriller tel qu’on le fabriquait volontiers à la fin du siècle dernier, période où il y en eut un paquet. D’abord, une vilaine guerre, un odieux complot ou, comme ici, un dilemme moral aigu. Le méchant et le gentil — pas des smicards, hein, plutôt des officiers, des ministres, des chercheurs… — sont d’accord sur la fin mais pas sur les moyens. L’un estime que l’omelette vaut bien qu’on fracasse quelques œufs, l’autre rétorque tss tss, pas de ça Lisette. Le schéma permet d’enchaîner scènes psychodramatiques et courses-poursuites. On peut avoir en prime un choc intergénérationnel, avec une pointure limite chenue, disons Sean Connery ou Gene Hackman contre un jeunot déjà coté, disons Kevin Costner ou Hugh Grant. On fait apparaître une ou deux minettes pas désagréables à regarder, de solides routiers sur les rôles secondaires, on secoue tout ça, on glisse quelques retournements de situation téléphonés pour rythmer le bouzin, on ajoute de grands coups de violon pour indiquer aux blaireaux à quels moments frémir, et roule ta caisse, tout le monde est content. Ça biche à donf, en principe.