
Eté 71. Muriel Bouchon s’emmerde en pension complète à Cassis, où la Cadillac de Gabriel Marcassus tombe en panne. Ensuite, Maria Schneider déambule en bikini orange, des religieuses mangent des religieuses comme des folles, les galets de la plage font mal aux arpions, Michel Legrand apporte un contrepoint bienvenu, Marthe Keller mange un croissant et on se surprend à ressentir (une fois de plus, certes) la nostalgie d’une insouciance typiquement seventies, de l’empilage de talents nature, du rythme curieux mais irrésistible de certaines des comédies grinçantes d’alors.
Elle est, ils sont tous, grands et seconds rôles, crissants de vérité comme du sable sous les dents. L’ambiance de l’hôtel, les rapports obligés, la civilisation du loisir sur commande, tout est attrapé, en plein vol, avec une justesse de tireur d’élite. Des moments rapides de farce noire, un peu fellinienne, et, au-delà de la férocité, une intelligence profonde des êtres font de ce premier film, qui est une comédie de mœurs, un film témoin, écrit avec un talent qu’on devrait applaudir. — Claude Michel Cluny