
— Charles ?
— …
— Pourquoi m’avez-vous laissée seule avec Antoine ?
— Qu’est-ce que vous dites ?
— Pourquoi m’avez-vous laissée seule avec Antoine ?
— Je pensais qu’il vous amusait.
— Vous comptez me jeter dans les bras de tous les hommes qui m’amusent ?
— Ne m’en veuillez pas. C’est trop mauvais signe, dans ce cas-là.
— Je ne voulais… pas dire ça. Mais je n’aime pas…
— Vous ne voulez pas que je sois complaisant ?
— …
— Rassurez-vous, je ne le suis pas.
Bon. Si vous circulez ni en Alfa Romeo survitaminée, ni en Jaguar intérieur cuir-noyer, vous risquez de ne pas suivre, bande de loquedus. Z’avez du bol, on est pas prétentieux, on va traduire pour vos pommes, dans un souci de vulgarisation de la pensée saganienne, comme qui dirait. Alors voilà : la môme Deneuve est une superbe poule entretenue haut de gamme par un Piccoli cérébral et superbourge, mais elle rencontre un petit artiste tout mignon qui l’emballe féroce sans trop en faire. Cas de conscience : la routine ou la passion ? le confort ou le risque ? le reblochon ou la crème caramel ? Ça a l’air un peu chiant, dit comme ça, mais le film est un peu chiant, genre superficiel, on accroche pas trop, on s’emmerde, on se sent en visite chez les riches, on a des préjugés anarcho-j’m’enfoutistes qui remontent à la surface. Ceci étant posé, comme disent les gens rigoureux, la forme est admirable, c’est du supercinoche qui déchire sa race, les acteurs sont merveilleux et Cavalier est un cador, on aura rarement filmé Deneuve comme ça, on tient la distance rien que pour ça, on se sent parfois comme chez Sautet, on en vient à supporter les vacuités insondables des oisifs dorés sur tranche. C’est dire si c’est bien filmé.