D’une rare violence psychologique, ce film implacable, précis comme une horloge suisse, n’a pas pris une ride (…) La descente aux enfers de l’infortunée Catherine Sloper, humiliée et trahie, reste d’une cruauté effroyable. Récompensé en son temps par quatre Oscars, L’Héritière doit sa réussite à l’exigence de son écriture, la méticulosité diabolique de sa mise en scène et l’engagement de ses acteurs (…) Olivia de Havilland a amené le projet à son ami William Wyler, cinéaste prestigieux qui venait d’être couronné de l’Oscar de la mise en scène [et dont] le cinéma utilise admirablement l’espace, même en huis clos, et lorgne vers le gothique. Ainsi, la maison des Sloper, à l’atmosphère mortifère, semble se refermer sur la malheureuse Catherine. Et si la musique du compositeur symphonique réputé Aaron Copland se fait l’écho des sentiments des personnages, la petite mélodie de Plaisir d’amour, célèbre chanson créée au XVIIIe siècle, revient régulièrement hanter le film. La caméra de Wyler traque la moindre émotion sur le visage des comédiens. Et tous rivalisent de talent. — Sophie Soligny

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