
— Trois jours à vivre, Simon…
— …
— Tu vois, au lieu d’téléphoner, j’aurais pu v’nir et te descendre. Mais c’que j’veux, c’est qu’t’aies l’temps d’y penser. Tu vas voir, mon p’tit fumier, c’que c’est long, trois jours. Tu vas voir…
C’est un film un petit peu oublié (…) Gilles Grangier a toujours eu le statut d’un réalisateur commercial au service de véhicules pour des grandes vedettes comme Jean Gabin avec qui il a beaucoup tourné. Dans les débuts de sa carrière pourtant, il s’intéresse au film noir et se trouve une sorte de style qui mêle très souvent les caractères ambigus à des situations concrètes ancrées dans un quotidien populaire. Cependant, même s’il n’est pas aussi mauvais que ce que l’a laissé entendre la critique, il n’est jamais très bon pour filmer les scènes d’action, les filatures, mais il est toujours assez juste quand il s’attaque à la description d’un milieu fait de petites gens ordinaires saisis dans leur quotidien (…) Sans doute est-ce l’originalité des caractères ambigus des personnages qui a permis à ce film à petit budget d’avoir un bon succès public. Il y manque pourtant la patte d’un réalisateur un peu mieux concerné par son sujet, qui se prenne un peu plus au sérieux. Mais l’ensemble se voit et se revoit assez bien ne serait-ce que parce qu’il parle d’un monde oublié, celui des petites troupes itinérantes de théâtre qui offraient des loisirs peu coûteux aux provinciaux. On y reverra les vieilles bagnoles, notamment le vieux clou qu’utilise Simon pour se déplacer et y trimbaler ses conquêtes dans les rues de Paris. Mais pour toutes les raisons que j’ai évoquées ci-dessus, il me semble que ce film a une portée historique importante. — Alexandre Clément