
“Mon juge…” Ce puissant monologue, Georges Simenon l’a porté pendant douze mois. Il avoue l’avoir écrit pour se débarrasser de ses fantômes, pour ne pas accomplir le geste de son héros, pour ne pas tuer. Aussi ne pouvait-il l’écrire qu’à la première personne : à la troisième, cela n’aurait pas été du tout. Le narrateur, c’est l’auteur. L’empathie est totale. De quoi illustrer plus que jamais sa fameuse devise : comprendre et ne pas juger. Et puis quoi, s’il avait pris ses distances avec cette victime si coupable, il aurait craint qu’à chaque remarque, le lecteur lui demande : “Mais comment le savez-vous ?” — Pierre Assouline