Horace se décida à rejoindre Berlin par l’itinéraire le moins direct. Abandonnant la plupart de ses bagages, il n’atteignit la capitale allemande qu’une semaine après avoir quitté Londres. Dès son arrivée, il changea une grosse somme de livres en euros dans plusieurs banques et officines. Puis il prit un bus pour se rendre dans l’ancienne zone soviétique et passa la nuit dans la chambre la moins chère de l’hôtel le moins cher qu’il trouva. Il avait choisi d’alterner trains et bus et de zigzaguer pour sortir d’Allemagne. Où cela le mènerait-il ? Il n’en avait pas la moindre idée. Son seul but était d’empêcher quiconque de retrouver sa trace. Partout où il s’arrêterait, il s’enregistrerait sous un nom différent. Il réussit deux coups de maître en achetant deux passeports. Le premier à un Anglais ivre, venu à Munich assister à un match de foot, puis un second à Salzbourg, à un type barbu. Moyennant quoi, pendant deux jours, il se laissa pousser des favoris. Précaution inutile : il passa en Italie sans qu’on lui demande ses papiers.

Où le regretté Tom Sharpe se livre à son activité artisanale favorite, secouant les situations les plus routinières pour les faire basculer dans l’horreur et le chaos, grâce à des personnages hystériques, à des flics idiots, à de grandes quantités d’alcool et à quelques pulsions sexuelles. On conçoit aisément que ce type de bouquin laisse indifférente une bonne part de la population mondiale contemporaine, on peut même admettre qu’il ne s’agisse pas de la littérature la plus exigeante qui soit, mais on s’est une fois de plus copieusement bidonné. Donc…

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