
Cette fervente militante antifasciste, née Gerta Pohorylle à Stuttgart (Allemagne) dans une famille juive originaire de Galicie, a trop souvent été automatiquement associée au grand Capa, son amour des années de bohème à Paris et collègue de travail lors de la guerre civile espagnole. Pendant que le Hongrois à l’œil malicieux traçait sa route, Taro (nouveau nom choisi en 1936, en même temps que son compagnon Friedmann se rebaptisait Capa) commençait elle aussi, en un temps record, à se faire une place chez les photoreporters. Mais sa mort prématurée et l’absence de proches capables de faire vivre son héritage photographique la feront disparaître des radars durant plus d’un demi-siècle, avant que des milliers de ses clichés retrouvés dans une mystérieuse « valise mexicaine » ne fasse revenir son œuvre au grand jour. Ce documentaire se révèle aussi passionnant sur le fond qu’élégant dans sa forme. La musique de Lou Rotzinger est envoûtante, avec duo piano violoncelle. La voix off de Céline Sallette épouse parfaitement la vie aussi brève qu’intense de « la » Taro. Sans oublier la qualité des témoignages recueillis en Espagne, aux Etats-Unis et en Allemagne, la richesse des archives photos et celle des films d’actualité d’époque. — Alain Constant