
Ce documentaire en trois parties consacré à la longue et sanglante histoire des services de renseignements soviétiques (de la Tchéka des origines au FSB actuel) vaut surtout par la qualité des témoignages recueillis. D’anciens agents racontent les modes opératoires utilisés pour faire taire et liquider les opposants. D’anciennes victimes, qui ont connu parfois le goulag, parlent des sévices subis. Un siècle d’histoire politique, économique et militaire soviétique défile à l’écran. Où l’on apprend que sous Lénine, un bon « tchékiste » devait, selon le dicton, « avoir la tête froide, le cœur chaud, les mains propres ». La sinistre réalité fera voler cette fiction en éclats. A travers les parcours de chefs aussi redoutables que Felix Djerjinski ou Lavrenti Beria, toute la structure des services de renseignements se dévoile. Liquidations, arrestations arbitraires, méthodes d’espionnage, rien ne nous est épargné. Après la mort de Staline en mars 1953, Khrouchtchev tenta de limiter les pouvoirs du KGB en limogeant des dizaines de milliers d’agents. Mais cette disgrâce ne dura pas longtemps (…) D’anecdotes sur les espions soviétiques aux Etats-Unis aux méthodes mafieuses utilisées dans les années 1990 en plein chaos économique, le pouvoir du KGB, devenu FSB, semble sans limite. Avec l’arrivée de Vladimir Poutine, ex-lieutenant-colonel du KGB, les services sont au pouvoir. Selon l’auteur de ce documentaire, la Russie d’aujourd’hui ne serait plus un Etat avec un service de renseignements, mais un service de renseignements qui possède un Etat. — Alain Constant