
En 1914, la jeune Céleste Albaret, 23 ans, est engagée par Marcel Proust comme servante. Jusqu’à la mort de l’écrivain, huit ans plus tard, elle sera sa confidente. Celui-ci se consacre alors quotidiennement, dans sa chambre tapissée de liège du 102, boulevard Haussmann, à l’écriture des sept tomes d’« A la recherche du temps perdu », entamée en 1907. Leurs échanges auraient pu rester confidentiels si, en 1973, la gouvernante n’avait accordé de précieux entretiens au journaliste Georges Belmont (…) Plus de 49 heures d’enregistrements au cours desquelles celle qui inspira à son employeur le personnage de Françoise, bonne du narrateur dans « La Recherche », raconte ses journées et ses nuits au chevet du monstre sacré. Récemment exhumées de la Bibliothèque nationale de France, ces archives audio constituent la trame principale du film que Thierry Thomas – à qui l’on doit déjà le documentaire « Marcel Proust, du côté des lecteurs » — consacre au mythe littéraire. En agrémentant l’ensemble de nombreuses images d’archives et de morceaux choisis, le réalisateur met en parallèle la vie et l’œuvre de celui qui, fils d’une héritière de la bourgeoisie juive et d’un père médecin, chroniqua les soubresauts follement humains du petit gratin mondain parisien, entre la fin du second Empire et la Première Guerre mondiale. — Hélène Riffaudeau