Un portrait attachant d’Omar Sharif, prince acteur, « oriental lover » et joueur invétéré, dont les rôles fiévreux au cinéma hantent les mémoires. Pendant près d’un demi-siècle, son beau visage a incarné le monde arabe sur les écrans internationaux. Né Michel Chalhoub en 1932 à Alexandrie, dans une famille catholique aisée (…), fils unique et polyglotte éduqué au très british Victoria College (…), c’est Youssef Chahine qui le révèle avec Ciel d’enfer (…) David Lean [l’installe] au firmament hollywoodien, en 1963, avec Lawrence d’Arabie (…) Dès lors, l'”oriental lover” joue l'”étranger de service” pour les studios (…) Mais sa réputation de joueur invétéré, du bridge au casino en passant par les champs de courses, le tient bientôt à l’écart des plateaux, le comédien enchaînant des nanars (…) Au crépuscule de sa vie, ce seigneur ruiné connaît pourtant une douce résurrection avec Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran de François Dupeyron, où il bouleverse en épicier arabe adoptant un adolescent juif (…) Éternel nomade, ne vivant qu’à l’hôtel et consumant sa vie en dandy, Omar Sharif se réjouira d’assister, avant sa sortie de scène définitive en 2015, à la révolution de la place Tahrir. Comme échappée d’un film de Youssef Chahine, une figure follement romanesque, qui avouait, l’œil pétillant : « Je crois que je fais du cinéma seulement en amateur. »

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