Vivian aimait les enfants et se passionnait pour la folie du monde, Vivian avait un talent artistique considérable mais a mené une vie de domestique fauchée, Vivian marchait à grandes enjambées et faisait des photos par milliers, photos que personne ne voyait (elle y compris, pour une bonne part), Vivian faisait aussi de l’audio et de la vidéo, Vivian s’était fabriqué un accent français et avait recours à des pseudonymes, Vivian accumulait toutes sortes d’objets, de canards et de paperasses dans des proportions démentes, Vivian a parcouru le monde en général et son monde en particulier, Vivian était zinzin et parano, Vivian a été gentille avec certains et méchante avec d’autres, vraiment méchante… Beaucoup de ses contemporains livrent des anecdotes mais personne ne sait vraiment qui elle était ni d’où elle sortait — née d’une mère française en 1926 à New York, célibataire toute sa vie, mais à part ça ?
On doit ce film précieux à John Maloof, qui découvrit par hasard une petite partie de l’oeuvre de Vivian (morte en 2009) et s’emploie depuis à réunir tout le reste, photos et éléments biographiques. Il livre ici des trouvailles étonnantes et touchantes, plein de fragments de vérité et une part des réponses espérées, une impression générale de solitude et de mal-être jusqu’à une fin misérable, mais aussi les témoignages d’affection d’ex-enfants dont Vivian s’est occupée et les éloges de la grande Mary Ellen Mark face au travail de sa drôle de consoeur.

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