En 1928, D. H. Lawrence publie à compte d’auteur la première version de « l’Amant de lady Chatterley ». Jugé pornographique, ce roman aux résonances très autobiographiques va rester interdit trente-deux ans jusqu’à ce qu’une loi britannique décrispe la censure : au début des années 1960, il devient possible de publier un livre « obscène » si un tribunal lui reconnaît des qualités littéraires. Sir Allen Lane, de Penguin Books, ne se le fait pas dire deux fois : il décide d’éditer le « scandaleux » ouvrage et essuie un procès édifiant intenté par la Couronne britannique. Le procureur y décompte les coïts, les orgasmes, et égrène le nombre de fois où Lawrence emploie les mots « baise », « couilles » ou « cul ». « Or réduire le livre à la gaudriole revient à dire que «  Don Quichotte  » est un formidable manuel… de conquête des moulins », rappelle l’écrivain Sylvain Tesson dans une de ses éclairantes interventions. — Sophie Grassin

D.H. Lawrence débarrasse la sexualité de son association avec la souillure et propose un manifeste pour sa patrie tétanisée par une conception honteuse de l’érotisme jusqu’à ignorer le corps et le contraindre à disparaître, solidement lacé dans un corset victorien encore resserré par le traumatisme de la guerre. Par sa haute estime du corps et des relations sexuelles mutuelles, Lawrence fait de la sexualité un art de vivre pour la réparation du monde. — Anaïs Kien

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