
Cocktail Molotov est tourné en 1979 et se passe en mai 1968. C’est l’histoire de deux garçons amoureux de la même fille qui lit Rimbaud et qui aime bien le sonnet des Voyelles. La jeune fille est amoureuse d’un seul et l’autre, joué par un François Cluzet de vingt ans, va prendre la chose relativement bien et restera, tout le temps, un bon camarade. La jeune fille française s’enfuit de chez sa mère et son beau père qui sont des vieux cons en DS blanche. Elle part avec son amoureux dans la 2CV de Cluzet qui conduit. Dans le film, le trio va tout rater sauf les sentiments, c’est à dire qu’en fait, les trois réussissent leur vie (…) Le personnage central est bien sûr celui d’Anne, la jeune fille française, une héroïne possédée par une joie de vivre calme et invincible, même dans les moments un peu difficiles. Et Elise Caron l’incarne parfaitement. Son choix délibéré du bonheur est stendhalien et sa quête d’une nouvelle forme de souveraineté est batallienne: il n’y a qu’à la voir se débarrasser discrètement, sans enlever son tee-shirt, de son soutien-gorge dans une forêt varoise — un plan délicieux (…) Cocktail Molotov est évidemment un grand film politique et féministe. Mais si. — Jérôme Leroy
À l’époque, j’ai pensé que Cocktail Molotov n’était pas très réussi. Parce qu’il n’avait pas marché, mais aussi parce qu’à l’image des personnages du film j’avais le sentiment d’être passée à côté de mon sujet. Pourtant, en le revoyant lors de sa ressortie en 2018, j’ai révisé mon jugement. Cocktail Molotov parle bien de son temps, de l’innocence et de l’enthousiasme de ceux qui ont eu 20 ans en 1968. Je crois que sa qualité est d’être juste et vrai ; sur le ton des protagonistes, leurs sentiments, leur façon même de bouger. — Diane Kurys