Le portrait du traître offre un point de vue imprenable sur Riina et Cosa Nostra en même temps que sur la société italienne, sa justice, ses arcanes, tours et détours administratifs, pénitentiaires ou judiciaires, dont le cinéaste scrute avec une grande minutie les détails, la vie carcérale, les coquetteries, les gueules, en mettant en exergue la relation inédite de Buscetta et Falcone qui ont pour seul point commun de fumer énormément. Ce respect grave entre ennemis complices, deux hommes dont la tête est mise à prix, qui grillent une cigarette après l’autre le temps de leur sursis. L’univers de Bellocchio, foncièrement hanté par la mort depuis toujours, trouve avec le Traître sa méditation la plus bouleversante, le plus beau des films-traités du cinéaste : un traité des tourments. — Camille Nevers

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