Au printemps 1971 sort, d’abord sur les écrans de cinéma des villes de Detroit et d’Atlanta – aux populations majoritaires noires – le film Sweet Sweetback’s Baadasssss Song, de Melvin Van Peebles (1932-2021). Le titre est légèrement cryptique – sauf pour le public afro-américain auquel il est destiné. Un public qui vient en masse car le film montre des figures afro-américaines positives. [Il] rapportera une colossale recette de 15 millions de dollars – coiffant au poteau Love Story au box-office. Sweet Sweetback’s Baadasssss Song demeure un film culte, parfait exemple de « divertissement éducatif » ainsi que le labellise l’acteur et réalisateur Bill Duke. Il est à ce titre toujours enseigné dans les écoles de cinéma aux Etats-Unis, même si le divorce entre son réalisateur et le système des studios a empêché Melvin Van Peebles de devenir l’un des hérauts de ce qu’on a appelé le Nouvel Hollywood. Ce film en inspirera de nombreux autres, dont le fameux Shaft (1971) de Gordon Parks […] Très lié à l’époque qui l’a vu naître et aux mouvements radicaux des droits civiques contemporains, Sweet Sweetback’s Baadasssss Song demeure cependant parfaitement actuel par la violence de son sujet et de ses images. « Et cela me désole de le dire », conclut Bill Duke. — Renaud Machart

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