La soirée avait passé et la nuit approchait, mais il ne faisait pas encore complètement noir. Le sergent de Gier, qui avait remarqué cette mystérieuse phase de transition, communiqua l’information à l’adjudant Grijpstra.
— La nuit n’a pas encore tout à fait succédé au crépuscule, dit-il.
Dans sa lancée, il attira l’attention de l’adjudant sur la légère coloration du ciel qui, tel une feuille de métal bleutée, s’incurvait au-dessus de la ville d’Amsterdam, irisé sur toute son étendue, rehaussé par les premières étoiles clignotantes.
— En effet, répondit Grijpstra.
— Ce bleu n’est pas un bleu quelconque, dit le sergent de Gier. C’est une teinte tout à fait remarquable, tu ne trouves pas ?
— Encore une fois, que faisons-nous ici ? demanda Grijpstra.
— Nous sommes des policiers, expliqua de Gier en caressant sa moustache fournie et son nez délicatement courbé. Nous guettons des trafiquants d’héroïne qui doivent se rencontrer pour échanger la marchandise contre de l’argent.
— Et quand vont-ils arriver ?
— Nous ne le savons pas.
— Et à quoi ressemblent-ils ?
— Nous ne le savons pas non plus.