À quatorze ans, me voilà donc boulevard Beaumarchais, à deux pas de la Bastille, dans un magasin d’instruments nommé Paul Beuscher. C’est décidé, non seulement je vais m’acheter une guitare, mais en plus je n’aurai pas de prof, pas d’examens, pas d’auditions, juste le plaisir de jouer et peut-être d’attirer l’attention des filles. Je n’y connaissais rien, je ne savais pas à quoi ressemblait un accord, je ne m’étais même pas fait accompagner d’un pote qui aurait pu m’éclairer. J’ai choisi une guitare à cordes en acier, avec un pan coupé, qui ressemblait de très loin à l’instrument joué par les gitans, d’encore plus loin pour le son mais, ça, je ne pouvais pas m’en douter.

Sorti du magasin, ma guitare dans sa housse, une question s’est posée : quoi jouer ? (…) Une boutique contiguë portait aussi le nom de Beuscher et vendait des partitions. J’ai poussé la porte et demandé au marchand : “Qu’est-ce que vous avez comme littérature pour voix et guitare ?” Il m’a sagement conseillé le tableau d’accords de Léo Laurent, juste pour savoir où mettre mes doigts, puis il a sorti La Mamma d’Aznavour, texte de Robert Gall, et quatre chansons d’un dénommé Georges Brassens dont je n’avais jamais entendu parler.

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