
[Le transfuge] Anatoli Golitsyne a évoqué la présence d’une taupe [du KGB] au siège parisien de l’Otan. Pendant plus de deux ans, la DST enquête, lance des filatures, branche des écoutes téléphoniques. Il faut chercher encore. Le flair des enquêteurs vaut bien des indices. La DST s’intéresse soudain à un haut fonctionnaire au profil insoupçonnable, Georges Pâques. Ses états de service sont impeccables. Ancien membre des cabinets de sept ministres, il tourne depuis des années dans le monde secret des affaires militaires. Depuis 1962, c’est un dirigeant du service de presse de l’Otan. La DST surveille Pâques avec ses moyens de filature, qui sont très bons. Un jour [le 8 août 1963], il s’en va vers une église romane dans la banlieue de Paris. Georges Pâques, voyageur ordinaire, prend à la gare Saint-Lazare un billet pour Versailles. Un inspecteur de la DST l’entend, prévient un collègue et entre dans son train. C’est une course contre la montre pour les inspecteurs qui doivent parvenir à Versailles avant lui. Georges Pâques grimpe dans un bus. Il est suivi par deux voitures banalisées qui arrivées à temps. Douze heures sonnent au clocher du XIIème siècle de l’église de Feucherolles quand Pâques descend du bus. Après être resté sur place quelques instants, le haut fonctionnaire remonte la rue principale déserte. Puis Pâques fait demi-tour par un chemin de terre. Au même moment, une 403 Peugeot entre dans le bourg, marque une pause devant l’arrêt de bus et remonte la rue lentement. Les inspecteurs de la DST reconnaissent un des passagers. Vassili Vlasov, cadre du KGB. Les Russes et Pâques ne sont pas vus. Tout est calme. Pâques entre dans l’église romane. Les inspecteurs pensent à une coïncidence. Mais la voiture des Russes réapparaît et s’approche de l’église. La DST va-t-elle mettre la main au collet du possible traître et de ses agents traitants ? Soudain, une voiture de police déboule dans le bourg. Aussitôt, saisis par la panique, les agents du KGB disparaissent, laissant Pâques seul dans son église. Beaucoup de coïncidences, ce matin-là, à Feucherolles.