
Staline était l’homme que Mao admirait le plus, le dirigeant qu’il rêvait d’égaler. Selon les historiens, il a dépassé son modèle à beaucoup d’égards. Par exemple si l’on compte les millions de morts qu’il a provoqués. Ou si l’on mesure la longévité d’un instrument essentiel dont il a doté le pouvoir communiste : les camps. Cela fait plus de quatre-vingts ans que l’archipel concentrationnaire chinois, dont Mao a emprunté le concept à la terreur stalinienne, persiste et prospère. Appelé laogai (« réforme par le travail ») pendant les premières décennies du régime, il a connu différents noms et fonctions, sévi contre différents segments de la population. Jusqu’au milieu des années 2010, où Xi Jinping lui a donné un tournant high-tech et confié une mission inédite sous le nom de « camps de rééducation » : mettre en œuvre le génocide des turcophones d’Asie centrale ou des Tibétains. Ursula Gauthier