
Il buvait son thé à petites gorgées gourmandes en se demandant s’il ferait mieux de penser au travail et de poser quelques questions intelligentes. « Et si je restais allongé paisiblement en contemplant le ciel ? songea-t-il. Mieux vaut lever la tête que la baisser, le spectacle est plus agréable. Ainsi ce magnifique nuage flottant sur le vide divin… pas tout à fait le vide puisqu’il y a ce bleu, un bleu d’une si jolie nuance. Et puis je vois ces branches de vigne vierge qui courent sur la brique rougeâtre. Le parfum des fleurs monte jusqu’à mes narines. Et si je regarde à l’horizontale, ce n’est pas déplaisant non plus : je vois des biscuits, du cake, joliment disposés sur des assiettes en fine porcelaine, et à l’arrière-plan, la poitrine de Nellie qui se soulève doucement. Mon Dieu, si je pouvais rester dans cette position pour toujours… »
Plénitude, voilà le mot qui convient, plénitude. — Michel Lebrun