
Les raisons pour lesquelles je filme ne sont pas très raisonnables. Il doit – car je ne suis sûr de rien – y entrer une part d’infantilisme : construire un univers parallèle avec ses lois propres et ses miracles. Une part d’idéalisme : moraliser cet univers à outrance jusqu’à le rendre utopique. Une petite part de cynisme : le confronter, cet univers utopique, à des données identifiables comme réalistes, et plus la confrontation est brutale, plus le cynisme est apparent. Une grosse part d’humour : tout cela, en définitive, doit être capable de nous faire rire, en tout cas de nous amuser. Mais je ne filmerais pas si je ne pouvais ajouter à ce cocktail un zeste de désespoir bien propre à réchauffer le cœur. Je filme parce que je m’éclate en filmant. – Claude Chabrol, 1993