
Ce documentaire nous aide à y voir plus clair, de la plus élégante des manières. Au fil d’une promenade impressionniste mêlant images du film de 1970 et reconstitution, témoignages d’experts et de proches de Bassani, interviews du romancier et de Vittorio De Sica, Rä di Martino recrée l’esprit d’un milieu qui n’existe plus, d’un jardin fantasmé symbolisant un éden menacé, et d’une ville, Ferrare, qui, privée de sa population juive, n’a plus jamais été la même. Témoin rare et précieux, Dominique Sanda, l’inoubliable Micòl Finzi Contini de cinéma, ouvre et clôt cette évocation en rappelant la force de son personnage. Celle, aussi, d’un récit qui oppose aux manifestations de civilisation — jardin majestueux et parties de tennis — les marques, insidieuses, d’une finitude programmée pour un monde qui en perpétuait les traditions. « Le vrai danger, déclarait Bassani dans les années 1970, c’est que la jeunesse d’aujourd’hui oublie ce qui s’est passé et d’où nous venons. L’un des devoirs de mon art est d’éviter ce préjudice, afin d’en préserver la mémoire, le souvenir. » — Olivier Rajchman